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Rencontre avec Nicolas Richard, le nouveau président de la CCIFER

Notre rédaction est allée à la rencontre de Nicolas Richard, le nouveau président de la CCIFER, qui est également le Directeur Général d’ENGIE Roumanie. Il revient pour nous sur les perspectives d'investissements en Roumanie.

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Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 7 mai 2024, mis à jour le 8 mai 2024

La Roumanie, avec son économie en plein essor et son positionnement stratégique dans les Balkans, peut jouer un rôle de premier plan.

En tant que nouveau président de la CCIFER, pourriez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?

Ce nouveau rôle, à la tête d'une des communautés d'affaires les plus dynamiques de Roumanie, vient s'ajouter à ma fonction de Directeur Général d’ENGIE România. J’ai 48 ans et j’ai passé toute ma carrière professionnelle au sein d’ENGIE ou de ses filiales. Étant donné la diversité de ses activités et son implantation géographique, j’ai pu évoluer au sein du Groupe en Europe, avec la chance d’avoir plusieurs « allers-retours » en Roumanie. Tour cela s’est traduit par des expériences dans la distribution d’énergie, la gestion de l’approvisionnement et du trading, la fourniture de gaz et d’électricité auprès des clients « grands comptes » ou résidentiels, ainsi que les services d’efficacité énergétique et les solutions vertes de production sur site. Dès la fin 2016, je suis de retour en Roumanie, où je dirige, depuis juin 2023, les activités du groupe ENGIE dans le pays.

 

Vous avez déjà travaillé en Roumanie par le passé, pourquoi ce pays vous intéresse-t-il toujours autant ?

Pour beaucoup, le choix de travailler en Roumanie pourrait être attribué aux méandres des mutations professionnelles ou d’opportunités ponctuelles, mais pour moi, j’avoue que j’ai essayé de forcer un peu le destin pour continuer à travailler en Roumanie. J’ai eu la chance de connaitre la Roumanie très tôt, dès 1994, et ensuite d’être témoin, en plusieurs étapes, de la remarquable transformation que la Roumanie a connue au cours de ces années. J’ai toujours été impressionné par la capacité des personnes avec lesquelles j’ai interagi à s’adapter, par leur goût de l’apprentissage, par leur résilience… et leur sens de l’humour. Au-delà de tous les atouts bien connus de la Roumanie (diversité géographique, richesses naturelles, pays profondément européen, etc.), je pense véritablement que le potentiel majeur du pays est représenté par le cœur et l’esprit des Roumains.

 

Comment définiriez-vous le fait de "faire du business à la française" ?

"Faire du business à la française" se traduit par un partenariat économique durable, témoignant de plus de 30 ans d'investissements continus en Roumanie. Cette approche se décline en deux volets : d'abord, quantitativement, à travers la présence significative de plus de 4000 entreprises à capital français en Roumanie, plaçant la France parmi les trois principaux investisseurs dans le pays. Ensuite, qualitativement, cela se manifeste par les succès et les contributions notables de ces entreprises dans des secteurs clés tels que l'agriculture, l'automobile, l'aviation, les services financiers, le digital, l'énergie et bien d'autres encore. La CCIFER joue un rôle central dans cette dynamique, en fédérant une diversité d'organisations et en favorisant les partenariats fructueux entre les entreprises françaises et roumaines.

 

Quels seraient les principaux défis auxquels une société française qui souhaiterait s'implanter en Roumanie devrait se préparer ? J'imagine que le problème de la main-d'œuvre est de plus en plus accentué.

Dans un monde plein d’incertitudes, la recherche de prédictibilité demeure un facteur essentiel pour les investissements. Il s’agit d’une prédictibilité évidemment « adaptative », mais plusieurs orientations prioritaires sont probablement nécessaires pour maintenir l'attrait de la Roumanie pour de nouveaux investisseurs : la poursuite des réformes et des projets du programme national de relance et de résilience (PNRR), des mesures visant à stimuler la croissance démographique et à attirer la main-d'œuvre, une fiscalité adaptée et des initiatives de développement des compétences. De plus, des modifications législatives basées sur des consultations approfondies et des évaluations d'impact sont également cruciales pour créer un environnement propice aux affaires.

 

La majorité des investissements français en Roumanie sont dirigés vers l'industrie. Quels autres secteurs clés la CCIFER aimerait-elle valoriser pour attirer des investisseurs/entreprises ?

Si l’industrie constitue en effet une part importante des investissements historiques français en Roumanie, bien d’autres secteurs se développent tels que l'agriculture, les infrastructures, les transports, la santé…De plus, la digitalisation, les transitions numériques, écologiques sont autant de vagues qui vont transformer l’avenir de l’économie, quel que soit le secteur d’activité : de nouvelles technologies plus vertes, plus rapides, plus profondes vont se déployer et l’adaptabilité des entreprises, l’ouverture à l‘innovation, la préparation des nouvelles compétences seront déterminantes. Sur ces thèmes, le tissu économique diversifié des membres de la CCIFER, son écosystème local et global, et plus généralement les caractéristiques intrinsèques de la Roumanie, constituent probablement un atout important.

 

La France est un investisseur majeur en Roumanie (le troisième investisseur après l'Allemagne et l'Autriche). Est-ce que la CCIFER a aussi l'ambition de participer aux débats publics ?

Par la taille et la diversité de ses membres, la CCIFER joue un rôle moteur en tant qu'acteur de la coopération franco-roumaine et contribue au développement économique du pays. Avec des centaines d'entreprises membres, nous nous efforçons d’être un partenaire crédible dans le dialogue public autour des sujets économiques. Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités roumaines sur des questions législatives et réglementaires importantes, tout en continuant notre mission de plateforme / services à valeur ajoutée pour attirer de nouveaux investisseurs.

 

Dans le contexte des multiples crises que nous traversons, depuis la covid-19 jusqu'aux guerres en passant par l'inflation, et qui perturbent l'économie globale, est-ce que la Roumanie a une carte à jouer ?

Absolument, en chinois, le mot crise est formé de deux caractères, l’un représente le danger, l’autre l’opportunité. La Roumanie, avec son économie en plein essor et son positionnement stratégique dans les Balkans, peut jouer un rôle de premier plan. En collaborant étroitement avec les institutions internationales et en poursuivant ses objectifs d'adhésion à l'OCDE et d'intégration dans l'espace Schengen, la Roumanie peut tirer parti des défis actuels pour renforcer son économie et contribuer à la stabilité régionale et européenne. La CCIFER et ses partenaires sont déterminés à soutenir cette trajectoire de croissance et de prospérité.

lepetitjournal.com bucarest
Publié le 7 mai 2024, mis à jour le 8 mai 2024

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